TDC et Sommeil est une thématique assez peu abordée. Que savons-nous concrètement aujourd’hui sur le sujet ?
Le terme de TDC est utilisé pour désigner des enfants dont le développement psychomoteur et les différentes capacités psychomotrices sont perturbés.
Malgré un équipement sensoriel et neurologique, ainsi que des capacités intellectuelles préservées, ces enfants sont en difficultés dans leur motricité intentionnelle.
Ce terme est aujourd’hui considéré comme un synonyme de la dyspraxie. (Inserm 2019)
Les enfants TDC et le sommeil.
Les études qui mettent en lien le sommeil et le trouble développemental de la coordination sont peu nombreuses.
Débutons par une première étude réalisée par Barnet et all en 2011.
Elle s’appuie sur la réalisation de questionnaires à destination de 16 enfants âgés de 8 à 12 ans.
Ces enfants présentent des scores au MABC inférieur au 5e percentile.
En comparaison au groupe contrôle, il apparaît clairement que les jeunes qui présentent un TDC rencontrent des difficultés de sommeil plus importantes.
Premièrement, il existe une plus grande résistance à l’endormissement ainsi qu’une plus grande anxiété au moment du coucher.
Ensuite, ces enfants présentent davantage de parasomnies nocturnes.
Au sein de ces parasomnies nous retrouvons davantage :
- D’énurésie,
- De somniloquie,
- Des mouvements anormaux,
- Du somnambulisme,
- Plus de bruxisme
- Et enfin davantage de rêves anxiogènes.
Ces enfants TDC décrivent également une somnolence diurne plus importante.
Cette étude est critiquable par sa faible cohorte.
Ainsi, leurs auteurs ont poursuivi la recherche quelques années plus tard en introduisant une actimétrie.
Autres études sur le sommeil et les TDC.
L’actimétrie est un dispositif médical permettant l’enregistrement du mouvement et du sommeil d’une personne grâce à un dispositif portatif.
Elle permet d’analyser la qualité et la quantité du sommeil, ainsi que d’évaluer l’activité motrice.
2 groupes ont été réalisés :
- Un premier groupe avec 15 adolescents de 11 à 17 ans présentant un TDC.
- Un 2e groupe avec des enfants présentant un TDC de 7 à 11 ans.
En comparaison avec le groupe contrôle, il apparaît très clairement que les enfants TDC se couchent plus tôt mais ceux-ci s’endorment finalement à la même heure.
Les enfants TDC présentent davantage de difficultés d’endormissement.
Dans ce même groupe, les enfants TDC se lèvent plus tôt que les autres enfants.
Enfin l’actimétrie mesure un temps d’éveil au lit plus important chez les enfants TDC.
Ce temps d’éveil prend notamment en compte la latence de l’endormissement ainsi que les réveils durant la nuit. Ces enfants précisent qu’ils se trouvent plus anxieux face au sommeil et ils s’estiment plus somnolents et plus fatigués la journée.
Finalement, les résultats au questionnaire sont tout à fait corrélés aux paramètres de sommeil relevé par l’actimétrie.
En 2019, une autre équipe de chercheurs, Esposito et al, appuient leur protocole sur la polysomnographie.
Cette étude met en avant une réduction du temps de sommeil chez les enfants TDC.
Plus précisément, il ressort une diminution du temps de sommeil paradoxal. Le sommeil paradoxal est connu notamment pour être le moment privilégié du rêve.
Il joue un rôle primordial dans la maturation du système nerveux ainsi que dans l’augmentation des capacités de stockage en mémoire.
Dans cette étude, Il se trouve que ce temps de sommeil paradoxal et corrélé aux résultats obtenus au MABC.
Moins le temps de sommeil paradoxal est important, plus les répercussions sur les plaintes motrices diurnes sont conséquentes.
Ceci n’est pas étonnant lorsque l’on sait que le sommeil paradoxal joue un rôle dans la consolidation des apprentissages mettant en jeu des habiletés motrices.
Le psychomotricien face aux troubles du sommeil de l’enfant présentant un TDC ?
Au vu des résultats sur les différentes études, il est indispensable de prendre en compte le sommeil chez l’enfant présentant un trouble développemental de la coordination.
Un simple questionnement de l’enfant et du parent lors de l’anamnèse n’est pas suffisant.
Pour aller plus loin, il est intéressant d’utiliser des échelles de dépistage des troubles du sommeil.
En fonction du score et des difficultés perçues, le psychomotricien ainsi adresser l’enfant chez son médecin traitant ou chez un spécialiste du sommeil.
Ce dernier réalise alors une une évaluation plus approfondie.
Il existe 2 échelles dévaluation :
- une première échelle pour les enfants de 6 mois à 4 ans
- et une seconde échelle pour les enfants de 4 à 16 ans.
Il est également recommandé de faire de la psychoéducation.
En effet, il est essentiel de communiquer de l’information sur le sommeil que ce soit à la famille ou à l’enfant.
Pour cela, je vous invite à vous rendre sur ce lien : (https://sommeilenfant.reseau-morphee.fr/).
Vous trouvez de nombreuses vidéos, brochures et infographies à présenter lors de vos séances.
Les enfants apprécient de comprendre le rôle du sommeil. Il est possible de leur proposer cette vidéo :https://vimeo.com/43489784
Dans le cadre du trouble développemental de la coordination, il semblerait exister un réel cercle vicieux : le TDC entraîne de la fatigue qui génère des troubles du sommeil qui provoquent de l’anxiété.
L’anxiété entraînant elle-même des troubles du sommeil. Il va donc de soi d’être vigilant à cette anxiété largement décrite et présente chez l’enfant présentant un trouble développemental de la coordination.
Le sommeil est l’affaire de tous.
Profitons de ce focus sur le sommeil pour rappeler l’existence d’un programme pédagogique !
Ce programme vise à expliquer le sommeil aux élèves.
Des chercheurs et médecins spécialistes du sommeil se sont associés à des enseignants et des dessinateurs pour créer une mallette pédagogique.
Avec l’aide de la mascotte Mémé Tonpyj, les enseignants expliquent le sommeil au travers de dessins animés, bandes dessinées, exercices et enquêtes.
En 2017, un protocole de recherche sur ce programme a été mené auprès de 130 élèves de CE2 de l’Académie de Lyon.
Les résultats ont été récemment publiés dans une revue scientifique.
Après avoir suivi le programme Mémé Tonpyj avec leur enseignant, les constats sont les suivants :
- Les élèves ont augmenté leur temps de sommeil de plus de 30 minutes.
- Ils ont amélioré la qualité de leur sommeil
- Leurs performances d’attention et leur capacité à résister aux distractions à également augmenté.
Bonne nuit… oups… Bonne lecture à tous
Biblio :
Sleep behaviour in children with developmental co-ordination disorder
Sleep Macrostructure and NREM Sleep Instability Analysis in Pediatric Developmental Coordination Disorder
Maria Esposito,* Francesco Precenzano, Ilaria Bitetti, Ilaria Zeno, Eugenio Merolla, Maria Cristina Risoleo, Valentina Lanzara, and Marco Carotenuto
Improving sleep, cognitive functioning and academic performance with sleep education at school in children
Author links open overlay panelAmandine E. Rey a b, Anne Guignard-Perret c, Françoise Imler-Weber d, Luis Garcia-Larrea a, Stéphanie Mazza a b
Show more