❤️ Dans le champ de la psychomotricité prématurité, le peau à peau n’est pas un simple “moment câlin”.
C’est une expérience multisensorielle structurante, qui soutient l’organisation tonique, la construction du lien et les premières formes d’intégration sensori-motrice chez le bébé né avant terme.
Psychomotricité prématurité : un geste fondateur pour le développement du bébé
La naissance prématurée entraîne une rupture brutale :
- sortie anticipée de l’environnement utérin,
- hyperstimulation lumineuse et sonore,
- soins invasifs,
- séparations fréquentes.
👍 Le peau à peau vient précisément restaurer une continuité corporelle, extrêmement protectrice pour le nouveau-né.
➡️ Les travaux d’Aude Buil (2023) le rappellent avec force : la construction de l’identité corporelle se joue dès les premières expériences sensorielles et relationnelles, dans une intrication entre perceptions, éprouvés corporels, cognitions et contenus inconscients.
✅ Le peau à peau participe directement à ces liaisons fondatrices corps–pensée.
Elle insiste, dans ses deux articles, sur plusieurs points clés :
- Une enveloppe corporelle sécurisante
En peau à peau, le bébé retrouve des invariants sensoriels proches du vécu in utero :
- chaleur,
- rythme cardiaque,
- bercements imperceptibles,
- odeur du parent,
- contour contenant du thorax.
Ces repères soutiennent l’organisation tonico-émotionnelle, concept cher à Bullinger. Ils stabilisent les états d’éveil, diminuent l’hypertonie de stress et favorisent un tonus d’accueil propice aux interactions.
- Une synchronie interactive précoce
Les micro-réponses tonico-posturales, le regard, la respiration et la voix du parent nourrissent une synchronie parent-enfant, largement décrite par Feldman et Tronick.
Cette synchronie est un moteur déterminant du développement socio-émotionnel.
- La posture FDS (flexion diagonale soutenue)
Aude Buil insiste sur l’importance de l’installation posturale : le bébé gagne en stabilité lorsqu’il est positionné dans une flexion diagonale soutenue, libérant ses mains, protégeant sa sphère oro-faciale et soutenant l’organisation neurocomportementale.
- Une intervention psychocorporelle complète
Dans ses publications, elle décrit le peau à peau comme un soin psychomoteur en lui-même : il soutient l’enveloppe psychique (Anzieu), accompagne la régulation autonome, facilite le lien, et protège le développement.
L’étude EPIPAGE-2 : un effet neuroprotecteur confirmé à l’âge scolaire
La cohorte française EPIPAGE-2, analysée par Mitha et al. (2025) dans eClinicalMedicine, apporte une preuve solide de l’impact du peau à peau dans les premiers jours de vie.
Une méthodologie solide et très large échantillon
- 2561 enfants nés entre 24 et 31 SA
- Données collectées en 2011, suivi jusqu’à 5 ans et demi
- Comparaison entre :
- enfants exposés au peau à peau durant la première semaine,
- enfants non exposés pendant cette période.
🔎 L’étude utilise des méthodes statistiques robustes :
- score de propension,
- pondération IPTW,
- analyses de sensibilité multiples,
- variable instrumentale (préférence de l’unité pour le peau à peau).
✅ Résultats principaux
✔ QI +2,3 points en moyenne chez les enfants exposés
✔ Chez les bébés nés 28–31 SA, l’effet atteint +2,9 points
✔ Plus grande probabilité d’avoir un QI ≥ −1 ET (OR ≈ 1,3)
✔ Aucune différence sur les difficultés comportementales au SDQ
Ces résultats demeurent cohérents dans toutes les analyses de sensibilité.
L’INSERM 👈 souligne aussi une disparité préoccupante : en 2011, selon les unités, entre 4,8 % et 100 % des très grands prématurés accédaient au peau à peau la première semaine. Ces écarts persistent encore aujourd’hui.
🚨 Une prudence méthodologique nécessaire.
Les auteurs rappellent plusieurs limites :
- étude observationnelle (pas de causalité directe prouvée),
- pas de données sur la durée ou la dose de peau à peau,
- perte de suivis importante,
- absence de données sur les pratiques après la première semaine.
✅ Malgré cela, toutes les analyses convergent vers un effet protecteur probable sur la cognition.
Psychomotricité prématurité : un soin de développement à forte valeur ajoutée
Les résultats de EPIPAGE-2 renforcent ce que les psychomotricien·nes observent sur le terrain depuis longtemps.
- Régulation tonico-émotionnelle
Le peau à peau aide le bébé à se stabiliser, à moduler son tonus et à sortir des états d’hypervigilance fréquents chez les prématurés.
C’est un préalable essentiel à tout développement moteur et relationnel.
- Organisation sensorielle
Le tissu thoracique du parent fournit une enveloppe filtrante, protectrice, qui limite l’intrusion sensorielle.
Cette structuration des entrées sensorielles est cruciale pour éviter les trajectoires hypersensibles ou désorganisées.
- Construction de l’identité corporelle
Comme le décrit Aude Buil, le peau à peau participe aux premiers ancrages corporels.
Il soutient l’articulation entre éprouvés, émotions et cognition — une base de l’image du corps.
- Soutien à la relation parent-enfant
Le geste renforce la confiance parentale, améliore la lecture des signaux du bébé et favorise l’accordage.
Pour les psychomotricien·nes, c’est un support majeur de guidance parentale.
- Un soin “zéro séparation”
Le peau à peau s’inscrit pleinement dans les approches actuelles recommandant :
- de réduire les séparations,
- de soutenir la présence des parents,
- d’intégrer le bébé comme sujet relationnel dès les premières heures.
psychomotricité prématurité : faciliter, guider, sécuriser
🎯À la lumière de ces travaux, plusieurs axes concrets se dégagent.
1- Faciliter l’accès précoce au peau à peau
Même pour les bébés très instables, lorsqu’un cadre sécurisé existe, le peau à peau peut être aménagé.
2- Optimiser l’installation
- posture en flexion diagonale soutenue,
- soutien oro-facial,
- respect du rythme respiratoire,
- contenance tonique.
3- Accompagner les parents
Leur donner une place active est un soin en soi et un facteur protecteur majeur.
4- Travailler en équipe pluridisciplinaire
Dans chaque unité, le psychomotricien peut devenir un référent du peau à peau, garant de la qualité des installations et de l’environnement sensoriel.
Conclusion :
👍 Les données récentes confirment ce que la clinique psychomotrice enseigne depuis longtemps : le peau à peau est un soin de développement essentiel, à la fois relationnel, sensoriel et neuroprotecteur.
✅ Il soutient la continuité corporelle, stabilise les états d’éveil, renforce le lien parent–enfant et améliore les trajectoires cognitives à long terme.
👉 Pour les psychomotriciens, ces résultats justifient pleinement de promouvoir, faciliter et accompagner le peau à peau dans toutes les unités, avec une vision zéro séparation et une approche centrée sur le corps, le lien et la sécurité sensorielle.
🛜 Retrouvez la source ” e-clinicalMedicine ”
👍 Vous souhaitez vous former à la prise en charge des touts petits ? Retrouvez notre Certificat Petite enfance


