Observer les mouvements généraux du nourrisson est un outil indispensable pour les psychomotriciens.
Observer les mouvements généraux : marqueurs précoces du développement
Pour commencer, les mouvements généraux sont des séquences motrices spontanées observables chez le fœtus dès la 9e semaine de gestation et chez le nourrisson jusqu’à environ 5 mois après la naissance.
✅ Ils sont fluides, complexes, variés et engagent plusieurs segments corporels de façon simultanée.
❌ Ils ne sont ni provoqués, ni stéréotypés.
👉 Ce qui les caractérise avant tout, c’est leur variabilité.
Donc cette qualité est fondamentale : un mouvement monotone, trop régulier ou rigide peut révéler une atteinte neurologique.
Contrairement aux réflexes archaïques, les mouvements généraux ne sont pas des réponses automatiques à un stimulus.
Les réflexes sont brefs, prévisibles, répétitifs. Les mouvements généraux, eux, sont auto-organisés et changent d’une occurrence à l’autre.
Ainsi ,c’est cette richesse motrice qui les rend particulièrement intéressants sur le plan clinique.
Or, chez les nourrissons à risque (prématurité, souffrance fœtale, antécédents familiaux), l’observation des mouvements généraux permet une lecture directe de l’état neurologique.
Par conséquent, pour le psychomotricien, elle constitue un outil non invasif de dépistage précoce.
L’observation peut se faire en condition naturelle, lors d’un éveil calme, sans stimulation.
Alors, Elle devient un acte clinique à part entière, permettant :
- Une analyse qualitative du mouvement global,
- Un repérage fin des troubles du développement moteur,
- Et une orientation rapide vers un suivi adapté.
En conclusion, intégrer cette observation dans la pratique du psychomotricien, c’est renforcer la prévention dès les premiers mois de vie.
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Observer des mouvements généraux : une méthode de référence
L’observation des mouvements généraux ou General Movements Assessment (GMA) est aujourd’hui l’outil de référence pour l’analyse qualitative des mouvements généraux du nourrisson.
➡️ Développé par le Pr Heinz Prechtl, il est reconnu pour sa fiabilité et son caractère prédictif des troubles neurologiques, en particulier la paralysie cérébrale.
Cette méthode consiste à filmer le bébé allongé, éveillé, dans un environnement calme, sans interaction extérieure. Deux périodes sont particulièrement observées :
- Les writhing movements (Dès In utéro puis de la naissance jusqu’à environ 8semaines), amples et ondulants,
- Les fidgety movements (Vers 6 semaines post-termes jusqu’à environ 25 semaines), petits mouvements circulaires et constants des membres, du tronc et de la tête.
Ainsi, l’absence ou la pauvreté des fidgety movements est un indicateur fort de risque neurologique.
✅ Une méta-analyse (Einspieler et al., 2016) démontre une sensibilité supérieure à 94 % pour prédire l’infirmité motrice cérébrale.
👍 A savoir donc que les mouvements généraux anormaux peuvent aussi alerter sur d’autres troubles que la seule Paralysie Cérébrale :
- Troubles génétiques (ex : syndrome de Rett, syndrome de Prader-Willi)
- Maladies métaboliques congénitales
- Infections périnatales
- Trouble du spectre de l’autisme (TSA) : certains profils moteurs particuliers sont décrits dans les recherches récentes
- Dyskinésies ou autres formes de troubles moteurs
Les avantages de l'observation des mouvements généraux
En premier lieu, le GMA ou observation des mouvements généraux présente de nombreux avantages :
- Il est non invasif,
- Ne nécessite pas de matériel spécifique,
- Et peut être pratiqué dans divers contextes : cabinet, maternité, CAMSP.
Cependant, pour garantir la validité de l’observation, une formation spécifique et une certification sont nécessaires.
Le regard clinique du psychomotricien doit être formé à détecter la qualité du mouvement, sa fluidité, sa variété et ses ruptures.
Nous pouvons constater que l’utilisation du GMA dans une démarche psychomotrice permet une intervention plus rapide, un partage interdisciplinaire plus éclairé et une meilleure orientation des familles.
A noter qu’il est recommandé de filmer plusieurs fois :
- Pendant la période des writhing (si possible vers 1 et 6 semaines post-terme),
- Puis dans la période des fidgety (idéalement vers 12-14 semaines post-terme).
Une compétence à intégrer dans la pratique psychomotrice
Pour finir, l’intégration de l’observation des mouvements généraux dans la pratique clinique du psychomotricien représente un levier puissant pour affiner les bilans précoces.
✅ Elle permet de détecter des signes d’alerte subtils et de proposer une intervention individualisée dès les premiers mois.
🎥 En structure ou en libéral, filmer un nourrisson dans de bonnes conditions (éveil calme, lumière douce, température adaptée) devient un outil clinique accessible.
L’analyse de la vidéo permet de :
- Repérer un manque de variété ou de fluidité,
- Observer l’apparition tardive ou l’absence des fidgety movements,
- Et confronter ces observations à d’autres éléments du bilan psychomoteur (tonus, posture, interactions…).
Cette pratique permet également de renforcer la guidance parentale.
En effet, vous pouvez ainsi montrer aux parents :
- ce que l’on observe,
- valoriser les compétences du bébé,
- ou au contraire expliquer pourquoi une vigilance est nécessaire,
✅ Cette approche donne du sens à l’accompagnement.
Dans notre Certificat Petite enfance dédiée aux psychomotriciens, nos formatrices, certifiées à l’analyse des mouvements généraux, intègrent cette compétence dans leurs enseignements.
Elles transmettent :
- Des outils d’observation concrets,
- Des repères issus de la recherche récente,
- Et des situations cliniques pour s’entraîner à la lecture motrice fine.
Vous l’avez compris, cette compétence s’intègre pleinement dans les 1000 premiers jours, période-clé du développement.
En affinant leur regard, les psychomotriciens contribuent à prévenir les troubles et à favoriser l’épanouissement moteur du bébé.