La communication alternative et augmentée (CAA) devient un droit opposable en France.
Dès 2027, chaque département disposera d’une mission dédiée.
Communication Alternative et Augmentée: un droit fondamental.
Pour commencer, l’instruction du 23 juin 2025, relayée par la FHF, marque un tournant historique !
Les établissements médico-sociaux (ESMS) ont désormais l’obligation d’équiper toute personne non-oralisante d’un moyen de communication adapté et personnalisé.
Cette exigence repose sur un triple fondement :
- Le respect du droit fondamental à la communication, inscrit dans la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées.
- La nécessité de garantir l’accès aux soins, à la scolarité, à la justice, à la vie sociale, pour toute personne en situation de handicap.
- L’ambition de réduire les risques de violences, d’exclusions, de non-recours aux droits.
L’instruction précise que des missions départementales Communication Alternative et Augmentée (CAA) seront déployées dans tous les départements d’ici 2027.
Ceci avec un financement de 9 millions d’euros dès 2025 pour couvrir un premier tiers du territoire.
Ces missions auront pour objectif de :
- Recenser les ressources disponibles localement ;
- Informer les familles et les professionnels ;
- Soutenir les projets personnalisés de communication.
Un cadre institutionnel renforcé : la CAA devient une exigence réglementaire !
ANDPC
La CAA en pratique ?
Du pictogramme à la tablette vocale, des gestes aux environnements adaptés….
La CAA regroupe un ensemble d’outils, de techniques et de pratiques visant à soutenir ou remplacer la communication orale :
- pictogrammes,
- gestes,
- synthèse vocale,
- langage signé,
- logiciels prédictifs,
- objets connectés…
Mais au-delà des outils, c’est une démarche d’accessibilité communicationnelle globale qui doit se mettre en place :
➡️ Adapter les environnements (visuels, corporels, relationnels)
➡️ Soutenir l’intention d’agir et de dire
➡️ Créer une culture de la communication partagée dans tous les contextes : soin, école, domicile, loisirs…
👉 Le rôle du psychomotricien est central :
- Il évalue les prérequis moteurs, sensoriels et attentionnels pour l’utilisation des outils.
- Il travaille le pointage, la coordination oculo-manuelle, le positionnement corporel.
- Il soutient la régulation émotionnelle et la construction du lien à travers l’outil.
- Il s’inscrit dans la dynamique du projet personnalisé (PPA, PPS, DIPC, etc.) aux côtés des autres professionnels.
Une dynamique collective à construire : le triptyque former / outiller / accompagner
L’instruction insiste : la CAA n’est pas un dispositif accessoire, mais un élément essentiel de l’accompagnement.
Elle engage les établissements à :
- Former les équipes pluridisciplinaires (orthophonistes, éducateurs, psychomotriciens, AES…),
- Désigner un référent CAA dans chaque structure,
- Intégrer les outils de CAA dans les projets de service et les projets individualisés.
Des partenariats avec les Missions Départementales CAA permettront de :
- Recenser les outils disponibles,
- Mutualiser les pratiques,
- Créer des dynamiques interprofessionnelles et interétablissements.
Pour les psychomotriciens, c’est une opportunité de :
- Proposer des séances de familiarisation ou d’appropriation de l’outil CAA,
- Participer aux temps de concertation interdisciplinaire autour de la communication,
- Valoriser leurs compétences dans l’analyse des capacités expressives non-verbales, trop souvent négligées.
Vers une nouvelle culture de la parole : inclusive, plurielle, accessible
Ce virage institutionnel traduit une évolution éthique majeure.
La parole n’est plus définie uniquement par le langage oral. Elle devient une compétence multimodale.
Elle est incarnée dans le regard, le geste, le mouvement, l’objet, le support.
Le psychomotricien, en tant que professionnel du corps, de l’expression et de la relation, est particulièrement bien placé pour soutenir les chemins singuliers de la communication.
Il peut :
- Accompagner les jeunes enfants dans l’émergence de l’intention communicative,
- Soutenir les adolescents ou adultes en situation de rupture (TSA, polyhandicap, neurodégénérescence…),
- Participer à la désinstitutionalisation en renforçant l’autonomie expressive de la personne.
En conclusion : La CAA en 2027, une affaire collective… et professionnelle
📌 En 2027, chaque personne non-oralisante devra disposer d’un outil CAA adapté.
📌 Chaque établissement devra prouver qu’il agit en ce sens.
📌 Chaque professionnel est appelé à se former, s’impliquer, coopérer.
🎯 Pour les psychomotriciens, la CAA est une opportunité de repositionner leur rôle dans la chaîne de la communication, au service de l’autodétermination, de l’accès aux droits, et du respect de la personne.
Pour aller plus loin : Fiche de synthèse CAA