Les vêtements ont-ils un impact sur l’acquisition de la marche ?
« Pour l’enfant, l’acquisition de la marche est une première étape importante vers son autonomie.
La locomotion bipédique lui permet de s’ouvrir vers un nouveau monde, (…) de nouvelles expériences.
L’enfant débute alors ses grandes conquêtes exploratrices et découvre la liberté́ de se mouvoir.
Cependant, derrière toute liberté́ se cache des contraintes.
L’enfant est à une étape charnière de ses développements musculaire, osseux, psychomoteur ou encore neurophysiologique. Toutes contraintes exercées sur lui, mêmes infimes, ne sont pas dénuées de conséquences sur son évolution future et sa croissance. »
👉 C’est par ces quelques phrases que débute la Thèse de Nicolas Théveniau en 2013.
Sa thématique concerne la période d’acquisition de la marche chez l’enfant en lien avec les vêtements .
Il évoque ainsi les couches, pantalons ou autres tissus qu’il a sur lui, selon la culture dans laquelle il grandit.
Dans une première partie, Nicolas théveniau nous parle de la marche et de son développement chez l’Homme.
➡️ Selon la définition usuelle marcher consiste « à déplacer son corps selon un axe antéro-postérieur grâce à une succession de simples appuis et de doubles appuis. »
La marche, un mécanisme complexe.
Dans sa thèse, il décompose l’aspect spatio-temporel de la marche. Il décrit une phase d’appui qui correspond à 60 % du cycle et une phase d’oscillation qui elle correspond à 40%.
Pour décrire le cycle de la marche, il nous explique qu’elle se décompose en 7 phases. Whittle l’a schématisé en 2007, avec des phases de simples appuis, des phases d’oscillations et des phases de doubles appuis lorsque les 2 pieds touchent le sol.
La marche devient une course lorsque lorsqu’il n’y a plus de phase de doubles appuis qui se transforment alors en phase de vol.
Après nous avoir expliqué l’analyse spatio temporelle, il nous parle de l’aspect cinématique du mouvement.
L’organisation de la marche peut être regardée à travers une variation angulaire des différentes articulations. Cela permet de comprendre d’éventuelles complication durant les différentes étapes de la marche.
La cinématique des différents segments corporels entre eux sont ainsi mesurées de façon angulaire ce qui permet une analyse précise du mouvement de locomotion.
Il nous évoque ensuite l’analyse biomécanique de la marche qui nous renseigne sur les groupes musculaires misent en jeu lors de la réalisation d’un mouvement. Il parle également de l’analyse mécanique avec la modélisation du pendule inversé de Cavagna et Margaria en 1966.
Enfin, l’auteur nous parle de l’organisation nerveuse de la marche avec une communication nécessaire entre les voies descendantes et ascendantes du SMC (Système Nerveux Central).
Il fait également une référence au système visuel, vestibulaire et proprioceptif. Ils permettent au système nerveux central de réguler le mouvement à partir de la réception des différentes informations sensorielles.
L’ensemble de ces analyses permettent de mieux comprendre toute la complexité de l’organisation de la locomotion humaine. Elle permet ainsi d’établir une grille d’observation pour l’apprentissage de la marche chez l’enfant.
L’apprentissage de la marche et les pieds du bébé.
Pour commencer, l’auteur nous apprend que certaines études (Hopkins et Westra, 1989) montrent que des enfants Africains et Caribéens marchaient plus précocement que les enfants occidentaux ne lien avec des approches de soins différentes.
Il explique qu’en début de chaque soin apporté à l’enfant, les parents ou adultes qui en ont la charge, réalisent des étirements au niveau des membres.
Dans un second temps, il nous explique que les parents sont très attentifs au bon développement de leur enfant. Pour cela, ils ont la possibilité de choisir des chaussures adaptées dont on entend à présent, souvent parler.
En ce sens, nous apprenons que les proportions du squelette de l’enfant diffèrent largement de celui de l’adulte. Vers 12 mois, lorsque le bébé commence à poser le pied en appui au sol, son squelette podal est organisé comme vu sur le schéma présenté par Hallemans et All en 2006.
☝️ Le pied de votre bébé est également marqué par l’absence d’une partie de la voûte plantaire. Son développement commence vers l’âge de 1 an et évolue jusqu’à ses 5 ans environ. (Straus, 1927).
Enfin, chez les enfants, il existe un coussinet adipeux sous la voute plantaire du pied (Lovett et Dane, 1896) pour protéger son tissu cartilagineux fragile.
On comprend mieux l’importance de bien chausser son enfant avec des chaussures souples afin que le contact demeure bien présent avec le sol.
Il est même important de le laisser déchausser le plus souvent possible pour qu’il puisse faire tester ses appuis naturellement.
L'importance du bassin dans la marche.
En ce qui concerne notre sujet des vêtements, le choix est bien différent pour les parents.
Il ne s’agit en réalité que de modèles de vêtements d’adulte, réduit à une taille inférieure. Il n’y a pas de réflexion sur les besoins de l’enfant dans son développement psychomoteur.
Or l’auteur de la thèse nous explique que lors des premières années, l’enfant est marqué d’importants changements morphologiques durant cette phase d’apprentissage de la marche.
C’est à cette époque que sa croissance est la plus rapide ; ces pieds et ses jambes prennent alors une croissance rapide.
Mais l’enfant est soumis à ce moment-là, à de nombreuses contraintes. Notamment avec le port d’une couche au niveau de l’entrejambe, et également avec des vêtements qui peuvent parfois être trop longs, trop courts, trop serrés ou trop large.
Nous apprenons également que des études de 1998 démontre que l’un des facteurs primordiaux de l’acquisition de la marche est la stabilisation du bassin sur l’espace.
De plus, l’organisation temporelle de la locomotion a également pour centre de contrôle le bassin de manière ascendante et descendante.
Le bassin et sa stabilisation semble donc bien être le fondement de cette acquisition bipédique propre à l’homme. (Assaiante et al (1993).
Plus tard, vers 6-7 ans, l’équilibre de la marche est assuré par la stabilisation de la tête sur l’espace.
Apprendre à marcher en 4 étapes !
L’acquisition de la marche peut être découpée en 4 phases :
- La première allant du début de la marche et dure 3 mois ; l’enfant expérimente alors la posture et le mouvement, avec un polygone de sustentation large et une fréquence de marche élevée, entre 110 et 170 pas par minutes. La flexion plantaire est inexistante.
- La seconde phase est décrite de 3 à 6 mois d’expérience de marche indépendante ; la vitesse de pas augmente, ainsi que la leur longueur. L’accroissement de la force musculaire permet une augmentation de l’équilibre sur une jambe.
- La troisième période va de 6 à 12 mois de marche autonome ; l’enfant dépose à présent le pied par le talon du fait d’une plus grande maturation du système nerveux central.
- La dernière étape débute après 12 mois et correspond à une phase d’ajustements posturaux, notamment avec des anticipations et donc un contrôle pro-actif de la part de l’enfant.
👍 La marche est ensuite équivalente à celle de l’adulte après 5 à 6 d’entrainement à la marche indépendante.
Impact des vêtements dans l'acquisitions de la marche.
Peu d’étude aborde cette question de l’impact des vêtements sur l’acquisition de la marche chez l’enfant.
En 1992-1993, Bensen et Hayashi montrent que le fait de dormir avec une couche lourde engendre des retards sur le développement.
De même en 2012, l’équipe de Karen Adoplh s’intéresse à l’impact du port de la couche sur le développement psychomoteur du jeune enfant. Ils réalisent cette étude sur une soixantaine d’enfants ayant 13 et 19 mois d’expérience de marche.
Les résultats vont dans le sens d’un retentissement occasionné par le port de couches, de façon plus importante avec des couches lavables.
On observe davantage de chutes et des longueurs de pas plus réduites, ce qui est renforcé par une couche pleine et donc plus lourde.
L’étude mené par l’auteur de la thèse conclu que les vêtements ont davantage d’impacts que les couches sur le développement de la marche.
Cet impact est d’autant plus important lorsque l’enfant est dans sa 1ère phase d’apprentissage entre 0 et 3 mois d’expérience de marche indépendante.
Lors des phases suivantes, l’impact d’un vêtement de type pantalon est repéré sur la vitesse de marche par rapport à un vêtement plus souple de type survêtement. Ce dernier libère davantage les mouvements articulatoires de la hanche et du genou de l’enfant.
Le pantalon rigide entraine des co-activations musculaires qui maintiennent l’enfant dans un fonctionnement biomécaniques de la 1ère phase de marche et l’empêche de passer à la phase propulsion.
En conclusion, il est important d’apporter à nos enfants des vêtements souples qui leur permettent de meilleurs représentations internes (son schéma corporel) et informations afférentes pour leur permettre un plus grand contrôle et régulation de leur marche.
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